En 2022, plus de 600 000 personnes se retrouvaient sans médecin traitant, malgré des démarches répétées. Derrière ce chiffre brut, une réalité s’installe : obtenir un rendez-vous relève désormais parfois de l’exploit, même dans des villes où cela semblait aller de soi. Les chiffres de l’Assurance maladie résonnent comme un signal d’alarme. Pourtant, la loi encadre le refus d’accueillir de nouveaux patients et impose aux professionnels de santé de motiver toute décision en ce sens. Les patients concernés ne sont pas laissés seuls : des dispositifs publics existent, censés faciliter la recherche d’un praticien disponible et garantir la continuité des soins.
Pourquoi de plus en plus de médecins refusent-ils de nouveaux patients ?
Dans les cabinets médicaux, la tension n’a jamais été aussi palpable. Ce n’est un secret pour personne : les médecins généralistes se retrouvent cernés par la surcharge administrative et font face à une pression continue de demandes. Selon la Caisse nationale d’assurance maladie, plus de 600 000 Français demeurent sans médecin traitant. Ce chiffre grimpe d’année en année. Il suffit désormais d’un simple coup de fil pour mesurer la difficulté d’obtenir un créneau, parfois même dans des villes autrefois épargnées.
Les raisons qui expliquent ce chamboulement sont multiples :
- Démographie médicale en net recul : le nombre de médecins, notamment à la campagne, ne cesse de diminuer. Les départs à la retraite l’emportent sur les installations.
- Charge de travail qui déborde : entre les consultations, l’administratif, la gestion des dossiers et le suivi des patients chroniques, impossible de tout faire entrer dans l’emploi du temps.
- Conditions de travail qui se détériorent : pression de la réglementation, délais serrés, isolement croissant… Pas de quoi convaincre les jeunes praticiens de s’installer en libéral.
Certains généralistes racontent avoir mis un point final aux nouvelles inscriptions, faute de pouvoir maintenir une prise en charge correcte pour leur patientèle. Cette situation touche de plein fouet les régions où l’offre médical chute. Quant aux maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), leur mission de partage des moyens s’arrête souvent là où commence la réalité du manque de bras.
Quels sont vos droits face au refus d’un médecin et comment les faire valoir ?
Refuser un patient n’est pas laissé à la discrétion du praticien. C’est le Code de la santé publique qui fixe le cadre : un professionnel peut refuser un suivi, mais uniquement pour un motif réel, non discriminatoire. Il est strictement interdit de motiver un refus par des critères d’âge, d’origine, de handicap ou de précarité sociale. La loi ne laisse aucune place au doute.
La plupart du temps, c’est la saturation des agendas qui explique un refus. Toutefois, vous disposez de plusieurs leviers :
- Demander l’intervention du conciliateur de l’assurance maladie lorsque le refus parait injustifié ou que le médecin ne propose aucune solution. Ce médiateur, mandaté par la caisse primaire, analyse au cas par cas.
- Solliciter votre caisse d’assurance maladie pour obtenir un accompagnement, surtout en cas de difficultés prolongées dans la désignation d’un médecin traitant.
La continuité des soins demeure la règle. Même si un praticien ne vous suit pas à long terme, il doit assurer les urgences. Sur le plan des remboursements et de la validité des arrêts de travail, ne pas avoir de médecin traitant officiel ne retire aucun droit : la protection des patients est maintenue, malgré la tension sur l’offre médicale.
Conseils pratiques et ressources pour trouver un médecin disponible près de chez vous
Pour dénicher un médecin traitant qui accepte encore des patients, il faut avancer avec méthode et rester persévérant. Une étape incontournable : consulter l’annuaire santé de l’Assurance maladie, actualisé régulièrement. Cette base de données offre la possibilité de filtrer les professionnels de santé par secteur et de repérer ceux qui déclarent accueillir de nouveaux patients, même si l’information évolue assez vite.
Sur le terrain, les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) et les centres de santé tentent de répartir plus équitablement l’accès aux soins grâce à une prise en charge partagée entre médecins et paramédicaux. Ces structures organisent le parcours de soins coordonnés : elles mutualisent les dossiers médicaux et orientent, lorsque possible, vers un praticien disponible. Un simple appel au secrétariat offre parfois l’occasion de récupérer une information décisive, même si la première consultation se fait attendre.
Dans les zones en grande difficulté, les CPTS (Communautés Professionnelles Territoriales de Santé) se mobilisent pour répartir les nouvelles demandes et fluidifier l’accès. Parfois, les départements expérimentent des dispositifs temporaires de « médecin référent » qui permettent d’assurer le remboursement malgré l’absence de déclaration officielle. Pour connaître les solutions locales, votre caisse d’assurance maladie peut fournir les derniers renseignements à jour.
Dans cette période de tensions, la débrouille et la patience se transforment en attributs indispensables. Mais qui, demain, pourra vraiment garantir que chaque habitant aura accès à un médecin traitant sans devoir batailler des semaines ou des mois ?