Dans certains systèmes de santé, le recours à des traitements invasifs se poursuit même lorsqu’aucun bénéfice curatif n’est attendu. Pourtant, la prise en charge peut s’orienter autrement, avec des objectifs prioritaires qui ne reposent plus sur la guérison.
Des équipes pluridisciplinaires, composées de professionnels formés à l’accompagnement, interviennent alors selon des principes distincts. Les critères d’admission, les interventions proposées et la notion de qualité de vie diffèrent sensiblement des approches conventionnelles.
Comprendre l’approche palliative : une réponse humaine face à la maladie grave
Derrière le terme soins palliatifs, il y a toute une réalité : celle de personnes confrontées à une maladie grave, évolutive ou terminale. Cancers, pathologies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson, maladies infectieuses telles que le sida ou la tuberculose, affections rares… Ce champ ne se limite pas aux derniers instants. L’Organisation mondiale de la santé l’affirme : cette démarche englobe le patient, mais aussi la famille et l’entourage dans le processus de soin.
Ce qui frappe, c’est la place accordée à la dimension humaine. Les équipes mettent la qualité de vie au cœur de chaque étape, dès la découverte de la maladie. Il ne s’agit plus de guérir à tout prix, mais de soulager la souffrance, qu’elle soit physique ou psychique, et de soutenir l’autonomie. Selon le Code de la santé publique, tout individu a droit à ces soins en France. L’accompagnement privilégie le respect du choix de la personne, dans une relation de confiance qui mise sur l’écoute, la bienveillance et la singularité de chaque parcours.
Trois axes structurent cette approche :
- Anticiper : proposer cette démarche dès que nécessaire, sans attendre l’échec des traitements classiques.
- Adapter : ajuster la prise en charge selon la maladie, les symptômes, mais aussi les valeurs et attentes du patient et de ses proches.
- Soutenir : offrir un accompagnement global, incluant un appui psychologique et social pour l’entourage.
Ce qui marque la différence avec d’autres approches, c’est cette vision transversale. Médecins, infirmiers, psychologues, assistants sociaux, chacun apporte sa compétence, mais tous avancent ensemble. L’accompagnement débute tôt, parfois dès le diagnostic, et peut s’étendre sur des années. Pour les familles, souvent bouleversées par la violence de l’annonce, cet espace d’écoute et de partage apporte un réconfort rare dans le parcours de santé classique.
En quoi les soins palliatifs se distinguent-ils des soins curatifs ?
Les soins palliatifs s’affirment par leur finalité. Là où les soins curatifs cherchent à éliminer la maladie ou à en bloquer l’évolution, l’approche palliative s’écarte de la quête de guérison, sans viser à rallonger ni raccourcir la vie. L’objectif ? Alléger la douleur, soutenir la personne dans sa globalité.
Plusieurs dimensions sont systématiquement prises en compte pour ajuster la prise en charge :
- Souffrance physique : douleurs, inconfort, symptômes gênants
- Souffrance psychologique : angoisses, dépression, sentiment de détresse
- Souffrance sociale : solitude, difficultés familiales ou financières
- Souffrance spirituelle : perte de repères, questionnements sur le sens
L’équipe pluridisciplinaire module ses interventions pour coller au vécu et aux souhaits de la personne. L’autonomie et la proportionnalité des gestes guident chaque choix, tout en refusant l’acharnement thérapeutique. Lorsqu’aucun traitement ne parvient à apaiser la souffrance, la sédation profonde et continue peut être envisagée, dans un cadre réglementé.
Le patient peut désigner une personne de confiance ou rédiger ses directives anticipées, pour garantir le respect de ses choix. En soins palliatifs, le temps s’organise autrement : la prise en charge peut s’ouvrir dès le constat d’une maladie grave, sans attendre la dernière étape. L’accompagnement s’étend aussi à la famille, considérée comme partenaire à part entière du parcours, et soutenue par l’équipe.
L’équipe interdisciplinaire et la philosophie du soin : accompagner la personne et ses proches au quotidien
Au cœur des soins palliatifs, la notion d’équipe pluridisciplinaire prend tout son relief. Médecins, infirmiers, psychologues, assistants sociaux, bénévoles : chacun a sa place pour répondre pleinement aux besoins du patient et de ses proches. Cette coordination s’ajuste à chaque contexte : à domicile, en unité de soins palliatifs (USP), en EHPAD ou en établissement médico-social.
L’équipe mobile de soins palliatifs (EMSP) intervient selon les besoins, où qu’ils se manifestent. Son action renforce les soignants présents sur le terrain, assure la continuité du suivi, adapte les réponses à l’évolution de la maladie. À la maison, l’hospitalisation à domicile (HAD) et les services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) permettent de rester dans son environnement, entouré des siens, tout en recevant des soins spécifiques adaptés à la situation.
L’accompagnement va bien au-delà du soin médical. Les bénévoles d’accompagnement offrent une écoute, une présence, un soutien humain précieux lors des moments de vulnérabilité. Les associations d’usagers du système de santé veillent au respect des droits des patients, encouragent la qualité du soutien et favorisent l’expression des choix de chacun.
Le territoire est maillé par l’appui territorial de soins palliatifs et le Dispositif d’Appui à la Coordination (DAC), pour assurer une continuité, quel que soit le lieu de vie. Dans cette philosophie, la relation occupe une place centrale : écoute, respect du cheminement de chacun, attention portée à l’entourage. L’objectif : accompagner la personne et ses proches, chaque jour, avec dignité et solidarité.
La démarche palliative n’efface ni la gravité, ni l’incertitude du chemin. Elle propose une manière d’habiter le temps, de redonner du sens à chaque instant, même fragilisé par la maladie. Un autre regard sur le soin, qui trace sa voie bien au-delà de la guérison.