En juin 2024, une étude de phase III sur le cancer de la prostate a montré que l’association d’inhibiteurs de PARP et d’hormonothérapie double la survie sans progression. Les résultats du congrès ASCO confirment l’émergence de nouvelles stratégies thérapeutiques ciblant la résistance tumorale.
Le développement rapide des traitements personnalisés, combinant biologie moléculaire et intelligence artificielle, bouleverse les protocoles traditionnels. Les recommandations de l’ESMO intègrent déjà ces innovations pour certaines indications, annonçant une mutation profonde de la prise en charge.
Où en est la recherche contre le cancer en 2024 ?
Chaque année en France, 430 000 nouveaux diagnostics de cancer sont posés, un chiffre qui a doublé depuis 1990. Cette hausse ne relève pas du hasard : le vieillissement de la population joue un rôle évident, mais il faut aussi compter avec l’exposition persistante à des risques connus comme le tabac, l’alcool, les microplastiques et une alimentation ultra-transformée. Les associations de patients, telles que la Ligue contre le cancer, poussent les pouvoirs publics à prendre ces défis à bras-le-corps.
Sur le front des traitements, la recherche française se distingue par sa capacité à intégrer des technologies de pointe. L’immunothérapie s’est imposée dans de nombreux protocoles, en particulier chez les patients atteints de cancers du poumon, de la prostate ou de localisations ORL. Pour les cancers du sang, la thérapie cellulaire CAR-T change la donne. Quant à la médecine personnalisée, elle permet d’ajuster l’approche thérapeutique à la biologie de chaque tumeur, grâce à des analyses génomiques et à l’identification de biomarqueurs prédictifs.
Le champ de l’innovation s’étend aussi au dépistage et au suivi. La biopsie liquide facilite une détection précoce des rechutes ; la radiomique, associée à l’intelligence artificielle, affine l’interprétation des images médicales et aide à anticiper la réponse aux traitements. Des centres de référence comme l’Institut Curie ou Gustave Roussy multiplient les essais cliniques, donnant accès en temps réel aux avancées les plus récentes. Grâce à la force de ses réseaux hospitaliers et à l’implication de ses chercheurs, la France conserve une place de choix sur la scène mondiale de la recherche contre le cancer.
Inhibiteurs de PARP et traitements émergents : des avancées majeures pour le cancer de la prostate
La prise en charge du cancer de la prostate connaît une accélération sans précédent, portée par des traitements innovants. Parmi eux, les inhibiteurs de PARP, tels que l’olaparib, initialement développés pour les patientes atteintes de cancer de l’ovaire avec mutations BRCA ou instabilité génomique, deviennent désormais incontournables dans les stades avancés de la maladie prostatique. Les tests ciblés, capables de repérer précisément les anomalies génétiques (mutations BRCA1/2, altérations du système de réparation de l’ADN), offrent aux patients la possibilité d’accéder à ces nouvelles options.
À ce stade, la médecine personnalisée prend toute sa dimension. Les scores d’instabilité génomique (GIS), les tests de déficit de recombinaison homologue (HRD) et les biopsies liquides viennent bouleverser la façon de traiter le cancer. Les oncologues disposent désormais d’outils pour adapter la stratégie thérapeutique à la signature moléculaire de chaque tumeur, évitant des traitements inutiles et maximisant les chances de réponse.
Voici les axes majeurs explorés aujourd’hui dans les centres français :
- Association des inhibiteurs de PARP à l’hormonothérapie ou à d’autres agents ciblés : les premiers résultats montrent un impact positif sur la survie sans progression.
- Multiplication des essais cliniques pour valider ces combinaisons et accélérer leur adoption en routine.
De nouvelles molécules font également leur apparition. Le camizestrant, qui cible des mutations comme ESR1, ouvre des perspectives inédites, d’abord dans le cancer du sein, mais sans doute aussi chez certains patients atteints de cancer de la prostate présentant des profils moléculaires similaires. La personnalisation s’installe comme la pierre angulaire d’une oncologie qui ne traite plus des statistiques, mais des individus, chacun avec la biologie singulière de sa maladie.
Ce qu’il faut retenir des grands congrès médicaux : tendances et perspectives pour 2025
Les grands rendez-vous internationaux de l’oncologie, comme l’ASCO, ont mis en avant des avancées concrètes qui redessinent la prise en charge. Quelques jalons méritent d’être soulignés :
- L’essai NIVOPOSTOP, conduit par le GORTEC, montre que l’ajout de nivolumab en post-opératoire chez les patients atteints de carcinome épidermoïde ORL à haut risque améliore la survie sans rechute : 63,1 % à trois ans contre 52,5 % avec le protocole classique.
- Les inhibiteurs de points de contrôle immunitaire confirment leur rôle dans les tumeurs localisées, en particulier en association avec la chimiothérapie, comme le démontre l’essai CheckMate-816 pour le cancer du poumon non métastatique, qui réduit de 40 % le risque de récidive.
- Dans le cancer du sein métastatique hormonodépendant, l’étude SERENA-6 met en avant le camizestrant, administré précocement chez les patientes présentant une mutation ESR1 détectée par biopsie liquide. Résultat : un net ralentissement de la progression tumorale.
- Les essais portant sur les biomarqueurs circulants et l’analyse génétique (KRAS, CDKN2A) affinent la personnalisation des traitements et permettent d’anticiper l’apparition de résistances.
Les innovations ne s’arrêtent pas là. Les vaccins thérapeutiques personnalisés, à l’image du TG4050 développé par Transgene pour les cancers ORL, mobilisent l’intelligence artificielle pour ajuster l’immunisation à chaque patient. Les anticorps bispécifiques, les anticorps radioconjugués ainsi que la thérapie cellulaire CAR-T modifient en profondeur l’approche des hémopathies malignes et du myélome multiple.
La médecine de précision, autrefois conceptuel, devient aujourd’hui tangible : adaptation en temps réel des traitements, surveillance par biopsie liquide, associations thérapeutiques sur mesure. Pour 2025, les perspectives reposent sur la synergie entre innovations, accélération des essais cliniques et rapprochement inédit entre technologie et besoins du terrain.
Le visage du cancer évolue. Derrière chaque avancée, l’espoir grandit, porté par la promesse que, bientôt, la maladie ne sera plus une fatalité mais un défi à relever, patient par patient, mutation par mutation.