Impact de l’urine sur l’environnement naturel

En Finlande, des chercheurs ont démontré que l’urine humaine diluée peut remplacer les engrais chimiques pour la culture de tomates, sans perte de rendement. Pourtant, le recyclage de ce déchet organique reste marginal en Europe, principalement en raison de préoccupations réglementaires et de freins culturels.

L’urine n’a jamais vraiment eu bonne presse, et pourtant, c’est une mine d’azote, de phosphore et de potassium qui fascine jardiniers soucieux d’autonomie et défenseurs d’une agriculture moins dépendante des produits de synthèse. Des essais menés aussi bien en Afrique qu’en Scandinavie démontrent l’intérêt agricole d’une ressource gratuite, à condition de suivre quelques règles de bon sens.

L’urine, ressource insoupçonnée pour un jardin plus vert

Les qualités de l’urine humaine parlent d’elles-mêmes : elle concentre exactement les nutriments recherchés dans la plupart des engrais chimiques, mais dans une forme déjà prête à l’emploi pour les plantes. En Île-de-France, selon l’Institut Paris Région, la quantité d’urine produite chaque année pourrait couvrir à elle seule 15 % des besoins de tout le pays en engrais agricoles. L’enjeu ne relève donc pas de l’anecdote.

À Paris, le Quartier des Grands Voisins expérimente la séparation des urines à la source. Les toilettes spécialisées installées sur le site permettent d’obtenir un engrais liquide, utilisé ensuite pour nourrir les espaces verts autour. Le programme OCAPI, porté par AgroParisTech, fédère ces efforts et organise la réflexion sur la gestion locale des cycles de l’azote et du phosphore.

D’autres initiatives prennent de l’ampleur. Toopi Organics pousse le principe plus loin : l’entreprise collecte l’urine dans des lieux publics et la transforme en véritables biostimulants agricoles. Le projet, soutenu par l’ADEME via le Programme d’investissements d’avenir, se distingue par un bilan carbone sans équivalent. EKODEV a calculé qu’une unité produite ainsi génère 169 fois moins d’émissions de gaz à effet de serre que ses homologues issus de l’industrie minérale.

La collecte séparée de l’urine n’aurait pas qu’un impact sur la fertilité des sols. Voici ce qu’elle permettrait :

  • Réaliser une économie de 130 millions de m3 d’eau potable chaque année en Île-de-France, soit 30 litres d’eau économisés à chaque litre d’urine collecté.
  • Le Schéma directeur régional impose désormais cette filière dans les nouveaux quartiers, ce qui favorise une gestion locale des ressources et allège l’impact environnemental lié aux excréta humains.

Quels bénéfices concrets pour les plantes et le sol ?

Doser l’urine humaine comme engrais apporte une transformation visible au potager comme au verger. Grâce à sa richesse en azote, phosphore et potassium, la solution nourrit les tomates, les salades, les choux, les radis, les betteraves, mais aussi les rosiers, les dahlias, ou encore les pommiers. Résultat : des cultures plus vigoureuses, des récoltes plus généreuses, des floraisons plus éclatantes.

Le lisain, issu d’un stockage de l’urine entre un et six mois, a reçu l’aval de l’Organisation mondiale de la santé pour un usage agricole. Exemple concret : sur le Plateau de Saclay, il a permis de produire du blé puis un pain jugé apte à la consommation. Cette pratique permet de restituer rapidement les minéraux aux cultures, limite la fuite des nutriments par lessivage et réduit la dépendance aux fertilisants industriels.

Voici quelques bénéfices tangibles observés dans les cultures :

  • Une croissance accélérée pour les légumes à fruits, feuilles ou racines
  • Des rendements renforcés pour les arbres fruitiers
  • Une vie microbienne du sol plus dynamique et résiliente

Bien sûr, certaines espèces demandent la prudence : basilic, thym, persil, orchidées ou camélias supportent mal un excès de sels. Pour la grande majorité des plantes potagères ou ornementales, la fertilisation à l’urine fonctionne à merveille, à condition de diluer correctement la solution. L’émergence de sociétés comme Toopi Organics, qui transforment l’urine en biostimulants agricoles, montre que l’agriculture circulaire n’est plus une utopie lointaine.

Adopter l’urine comme engrais : méthodes simples et précautions à connaître

Passer à la pratique nécessite d’installer des équipements adaptés. La collecte séparative s’appuie sur des toilettes ou urinoirs spécifiques, aussi bien dans les espaces publics que dans les lieux privés. Aujourd’hui, on trouve déjà des installations signées Toopi Organics dans des établissements scolaires, des stations-services, des complexes sportifs comme le Stade de France ou au Futuroscope. Ce mode de collecte centralisée alimente ensuite une filière de transformation en biostimulants urino-sourcés. D’après EKODEV, cette solution affiche une empreinte carbone 169 fois inférieure à celle des engrais minéraux traditionnels.

À la maison, l’usage reste simple : il suffit de diluer l’urine fraîche à raison d’un volume pour neuf volumes d’eau et de l’apporter au pied des plantes robustes, idéalement entre mars et septembre, pendant la période de croissance. Un stockage de l’urine entre un et six mois (lisain), comme le conseille l’Organisation mondiale de la santé, assure une sécurité maximale et une libération optimale des éléments nutritifs.

L’apport doit rester équilibré. Alternez régulièrement avec d’autres amendements, observez les réactions de vos cultures et évitez d’en donner aux plantes sensibles (herbes aromatiques, orchidées, camélias). Ce type de fertilisation s’inscrit dans une logique de transition écologique plus large. D’ailleurs, l’Île-de-France a déjà rendu la collecte séparée obligatoire dans ses nouveaux quartiers, un signal fort en faveur d’une économie circulaire. L’engagement d’acteurs comme l’ADEME ou Toopi Organics trace la voie vers une gestion renouvelée et durable des ressources organiques.

À l’échelle du jardin ou du territoire, l’urine change la donne : d’un simple déchet, elle devient ressource. De quoi changer notre regard sur ce que nous produisons au quotidien, et peut-être, demain, voir fleurir des champs nourris par une ingéniosité retrouvée.